Les médicaments à l'origine des accidents de la route

Plos Medicine a publié le 17 novembre dernier que la consommation de médicaments est responsable à 3,3% des accidents de la route. C'est ce qu'ont révélé les études menées par divers organismes à savoir l'Inserm, l'Afssaps, l'Assurance maladie ainsi que l'Institut de recherche sur les transports et leur sécurité. L'enquête a porté sur plus de 70000 conducteurs de voitures, de scooters, de motos ou de bicyclettes responsables d'accidents corporels de l'année 2005 jusqu'à l'année 2008. Le croisement entre les fichiers de la police sur les accidents de la route et les fichiers de la Sécurité sociale concernant les remboursements de médicaments a permis d'aboutir à ce résultat. Le système d'information mis en place en 2005 par l'Afssaps a également facilité l'identification des médicaments les plus dangereux pour la conduite. En effet, ce système consiste à classer les médicaments sous forme de pictogramme allant de 1 à 3 et sous 3 couleurs à savoir le jaune, l'orange et le rouge. Les médicaments sont, depuis 2005 et selon leur niveau, accompagnés de mises en garde assez explicites et correspondants à chaque pictogramme afin que chacun puisse être prévenu de l'ampleur du danger encouru au volant lors de leur prise. En effet, le pictogramme jaune insiste sur la lecture de la notice, l'orange appelle à consulter l'avis d'un médecin avant de conduire et le rouge interdit formellement la conduite. Ainsi, les médicaments au pictogramme jaune ou de niveau 1 ont des effets assez faibles sur la conduite puisque les accidents engendrés sont liés essentiellement aux susceptibilités de tout un chacun. Toutefois, les médicaments de niveau 2 au pictogramme orange peuvent remettre en cause les capacités du conducteur. Par contre, les médicaments au pictogramme rouge, donc de niveau 3, sont véritablement déconseillés aux conducteurs sans un avis médical. Les médicaments classés niveau 2 et niveau 3 sont plus dangereux pour la conduite car ce sont essentiellement des somnifères, des antidépresseurs, des tranquillisants, des anxiolytiques, des antiépileptiques, des hypnotiques et des médicaments substituts à l'héroïne. Toutefois, les médicaments de niveau 2 ont des effets liés d'un côté à leurs propriétés pharmacodynamiques et d'un autre à la susceptibilité individuelle du conducteur alors que ceux de niveau 3 sont redoutables par leurs effets pharmacologiques. Par ailleurs, la conduite est d'autant plus menacée lorsque ces médicaments sont pris simultanément. Un seul médicament crée un risque s'élevant à 14% contre 30%, 86% et 88% pour respectivement 2 médicaments, 3 médicaments et au-delà de 3. Si les conducteurs prêtaient plus d'attention aux notices, à ces pictogrammes et aux messages qui les accompagnent, il y aurait moins de 140 personnes tuées et moins de 3000 blessés chaque année en France. Aujourd'hui, l'Union européenne commence à travailler sur un système pareil au pictogramme de l'Afssaps qui permettrait d'harmoniser la classification des médicaments dans tout le continent.